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Les anticoagulants

Écrit par :

Pauline

Pauline

Service : Chirurgie Urologie

Présentation :
Diplômée depuis 2019, Pauline a tout d'abord débuté sa carrière d'infirmière au sein d'une pouponnière, afin de prendre en charge les mamans et les bébés, une patientèle qu'elle affectionne particulièrement. Elle a ensuite pris un poste sur un service de pool, avec de nombreuses missions en Chirurgie Urologie, un service complet et complexe où elle encadre de nombreux étudiant.e.s afin de les amener à être les professionnels de demain.

Les anticoagulants sont des médicaments efficaces qui demandent une gestion et un contrôle réguliers. Ils se déclinent sous plusieurs formes, incluant les AVK, AOD, aspirine, héparine, entre autres. 

Découvrez dans cet article toutes les informations clés concernant les anticoagulants.

Qu’est-ce que la coagulation ?

La coagulation du sang est le mécanisme naturel par lequel le sang se transforme d’un état liquide à un état semi-solide, formant un caillot. Ce processus a plusieurs rôles essentiels dans la protection du corps :

  • Il intervient pour stopper les saignements lors de blessures ;
  • Il empêche l’intrusion de corps étrangers en formant une barrière au niveau de la plaie, à l’instar d’une écharde ;
  • Il aide à la réparation des lésions en joignant les bords d’une plaie, facilitant ainsi la cicatrisation. Cependant, cette action est limitée aux blessures superficielles.

La coagulation est déclenchée quand le sang entre en contact avec l’air ou un élément étranger. A ce moment, des agents coagulants s’activent, générant un maillage solide qui retient les plaquettes et les globules rouges. Toutefois, dans certains contextes, une coagulation excessive ou inappropriée peut engendrer des complications.

Lorsque le sang circule trop lentement, la coagulation peut s’activer inopportunément, menaçant la santé de l’individu.

Si le sang stagne dans une veine, cela peut conduire à la formation d’un caillot, provoquant une phlébite.

L’accumulation de cholestérol, connue sous le nom d’athérome, peut obstruer les artères. Si cela se produit dans le cerveau, cela peut entraîner un accident vasculaire cérébral (AVC), et si c’est dans le cœur, cela peut provoquer un infarctus.

Ces événements – phlébite, AVC et infarctus – sont généralement regroupés sous l’appellation de complications thromboemboliques. Heureusement, il existe des médicaments anticoagulants qui peuvent aider à dissoudre ces caillots. D’autres problèmes, tels que l’hémophilie, résultent d’une défaillance des facteurs de coagulation dans le sang.

Quels sont les anticoagulants ?

Il y a deux principales catégories d’anticoagulants : les anticoagulants injectables et les anticoagulants par voie orale.

Les anticoagulants injectables comprennent principalement les héparines de bas poids moléculaire, l’héparine standard ou non fractionnée et un antithrombotique, le fondaparinux.

Naturellement présente dans le corps, l’héparine est produite par des cellules du système immunitaire. Elle a la capacité de dissoudre les caillots et d’empêcher leur agrandissement. Elle est couramment employée dans le traitement des affections thromboemboliques.

Les anticoagulants par voie orale les plus courants et les plus anciens sont les AVK ou antivitamines K.

Depuis 2009, les anticoagulants oraux directs (AOD, précédemment connus sous le nom de NACO) sont également disponibles. Ils comprennent trois molécules (apixaban, dabigatran et rivaroxaban) et font l’objet d’un suivi très précis, car aucun test de base n’est disponible pour surveiller leur risque hémorragique.

Comment fonctionnent les traitements anticoagulants ?

En présence d’une situation à risque ou d’une maladie thromboembolique, un anticoagulant intervient selon différentes méthodes. Il peut :

  • Inhiber la production des facteurs de coagulation, un processus qui se déroule dans le foie avec la nécessité de la vitamine K. Certains anticoagulants neutralisent cette vitamine, comme les antivitamines K (AVK), tels que l’acénocoumarol ou la fluindione.
  • Contrecarrer l’activation des facteurs de coagulation circulant dans le sang. C’est le rôle des anticoagulants oraux directs tels que le dabigatran, le rivaroxaban ou l’apixaban.
  • Empêcher l’assemblage des plaquettes sanguines pendant la création du caillot. On trouve dans cette catégorie l’aspirine, le clopidogrel et la ticlopidine.
  • L’héparine aide à décomposer les caillots sanguins, prévenant ainsi leur développement excessif. De ce fait, l’héparine est également prescrite pour traiter les maladies thromboemboliques.

Le principal enjeu du traitement anticoagulant est de minimiser les risques thromboemboliques tout en conservant une capacité de coagulation adéquate pour éviter des complications hémorragiques.

Conditions de mise en place

Les médicaments anticoagulants sont adaptés à différentes situations, d’où la variété des traitements disponibles. On les classe généralement selon le contexte de leur prescription : urgence, suivi régulier ou usage temporaire :

  • Anticoagulants d’urgence : Dans des cas graves comme un infarctus ou un AVC non hémorragique, une administration rapide d’anticoagulants, tels que l’héparine, est essentielle.
  • Anticoagulants pour un traitement continu : Suite à un AVC ou un infarctus, un régime anticoagulant prolongé est établi pour prévenir une récurrence. Des anticoagulants administrés par voie orale sont prescrits pour une utilisation quotidienne. Cette catégorie inclut également ceux qui traitent des conditions à risque telles que l’hypercholestérolémie ou l’hyperlipidémie.
  • Anticoagulants pour un usage occasionnel : Pour des cas comme une phlébite, un traitement anticoagulant à long terme n’est pas nécessaire. Après une injection d’héparine, des anticoagulants par voie orale sont généralement prescrits. Un protocole similaire est employé après certaines chirurgies, telles que l’installation d’une prothèse de hanche ou de genou.

Précautions à prendre avec les anticoagulants

Les anticoagulants, en inhibant la coagulation sanguine, peuvent engendrer des complications hémorragiques. Une vigilance accrue est requise notamment en présence d’une insuffisance hépatique. Pour les femmes enceintes, la majorité de ces médicaments sont généralement déconseillés.

Afin de minimiser le danger hémorragique lors d’un traitement anticoagulant, il est crucial que les patients signalent toute situation potentiellement risquée à leur professionnel de santé :

  • Incidents quotidiens : coupures, contusions, même s’ils semblent bénins ;
  • Sports à haut risque d’impact ou de blessures ;
  • Interventions médicales pouvant causer un saignement : interventions dentaires, ponctions lombaires, etc. ;
  • Pathologies prédisposant à des hémorragies, telles que la maladie de Crohn, ulcères gastriques, ou varices œsophagiennes.

Surveillance durant une thérapie anticoagulante

Lorsqu’un patient est sous traitement anticoagulant, une surveillance médicale régulière est primordiale. Cette dernière permet de repérer en temps réel tout signe de maladie pouvant augmenter le risque d’hémorragie, de contrôler la fonction hépatique et rénale à travers des analyses sanguines, et de vérifier le bon équilibre de la coagulation. La rigueur de cette surveillance, illustrée par la fiche IDE relative au traitement, est cruciale, car une simple égratignure peut entraîner un saignement sévère en présence d’anticoagulants.

Des tests tels que l’INR (International Normalized Ratio) et le TCA (Temps de Céphaline Activée) sont essentiels. L’INR est privilégié pour les patients sous antivitamines K, tandis que le TCA est utilisé pour ceux sous anticoagulants oraux directs. Ces analyses se font sur un échantillon sanguin.

De plus, pour les patients sous anticoagulants oraux directs (AOD), il peut être nécessaire d’évaluer le temps de thrombine (TT). Pour ceux sous héparine, une attention particulière est accordée au taux de plaquettes dans le sang. La cadence de ces vérifications dépend du médicament prescrit et de l’état clinique du patient. Des tests supplémentaires sont souvent requis lors de l’instauration du traitement ou lors d’un ajustement posologique.

Considérations infirmières et éducation thérapeutique

Les médicaments anticoagulants jouent un rôle crucial dans la prévention et la prise en charge des complications thromboemboliques. Toutefois, leur utilisation exige une vigilance accrue.

Voici quelques directives à respecter pour les patients sous anticoagulants et pour les professionnels de santé qui les accompagnent :

 

  • Se conformer scrupuleusement aux doses, fréquences et modalités d’administration recommandées.
  • Effectuer régulièrement des bilans sanguins et d’autres tests prescrits.
  • Maintenir un dialogue constant avec le médecin responsable du traitement et de toute autre affection associée.
  • Tenir à jour un carnet mentionnant les dosages administrés et les résultats des analyses.
  • Ajuster son régime alimentaire si nécessaire (par exemple, limiter la consommation d’aliments riches en vitamine K si vous êtes sous AVK).
  • Éviter de combiner plusieurs médicaments anticoagulants, comme l’aspirine ou un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) avec un autre type d’anticoagulant, pour ne pas augmenter le risque d’hémorragie.
  • Être conscient des interactions médicamenteuses potentielles, qui sont fréquentes avec les anticoagulants, et toujours demander l’avis d’un professionnel de santé avant d’ajouter un nouveau médicament à sa thérapie.
  • Toujours porter sur soi une carte ou un document indiquant que vous suivez un traitement anticoagulant. Ceci peut être vital pour les équipes de secours en cas d’urgence.

Conclusion

Les anticoagulants jouent un rôle crucial dans la prévention et le traitement des maladies thromboemboliques. Si leur efficacité n’est plus à démontrer, il est essentiel de comprendre leur mécanisme d’action, leurs indications, ainsi que les précautions à prendre lors de leur utilisation. 

Une prise correcte et un suivi médical rigoureux permettent de maximiser les bénéfices du traitement tout en minimisant les risques associés. Enfin, la sensibilisation des patients et des professionnels de santé à ces enjeux est fondamentale pour garantir une prise en charge optimale.

Sources

  • Les anticoagulants : importance du suivi pendant le traitement. Ameli [Internet] Disponible à : https://www.ameli.fr/savoie/assure/sante/medicaments/comprendre-les-differents-medicaments/anticoagulants
  • Les anticoagulants oraux. HAS [Internet] Disponible à : https://www.has-sante.fr/jcms/c_2851086/fr/les-anticoagulants-oraux
  • Les traitements anticoagulants. Vidal [Internet] Disponible à : https://www.vidal.fr/medicaments/utilisation/bon-usage/anticoagulants.html#:~:text=Les%20traitements%20anticoagulants%20(%C3%A9galement%20appel%C3%A9s,embolie%20pulmonaire)%20ou%20le%20cerveau

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